20 ANS APRÈS LE RÊVE BRISÉ

Disons qu’ils n’ont pas à se soucier d’être capables de payer leur compte d’électricité à la fin du mois!

Par contre, certains anciens joueurs des Expos ont décidé de redonner à la société. C’est le cas du voltigeur Marquis Grissom. Son histoire est assurément la plus intéressante à raconter.

Aider les jeunes

L’argent qu’il a amassé durant sa carrière de
17 saisons dans les majeures, Grissom ne se contente pas de le contempler dans son compte de banque.

Père de cinq enfants, dont quatre qui jouent au baseball, Grissom a choisi de s’impliquer dans la région d’Atlanta pour aider les jeunes provenant de milieux défavorisés à pratiquer ce sport.

Grissom a créé, en 2006, sa propre association de baseball mineur, la MGBA, un organisme à but non lucratif.

L’affable athlète de 46 ans ne cache pas sa fierté de voir les fruits récoltés jusqu’à maintenant par cet engagement communautaire et sportif.

La MGBA permet non seulement à des jeunes de l’État de la Géorgie de jouer au baseball, mais elle leur offre les outils nécessaires pour aller loin dans la vie.

Ces jeunes sont hébergés et ils se voient offrir des bourses d’études collégiales et universitaires.

141 étudiants à l’université

Un total de 141 élèves ont atteint les rangs universitaires.

«L’Association commandite six équipes», explique Grissom au téléphone, de son domicile d’Atlanta.

«En plus d’enseigner aux jeunes à jouer au baseball par l’entremise d’un groupe constitué de
30 entraîneurs expérimentés, on leur fournit gratuitement l’hébergement,  l’éducation, ainsi que l’aide au placement à l’université par le biais de bourses d’études, qui totalisent d’ailleurs 2,4 millions de dollars depuis les débuts de notre Association.

Savoir donner au suivant

«Si j’ai choisi de me lancer dans ce projet, c’est parce que je jugeais qu’il était important que je remette à la société quelque chose de tangible», poursuit Grissom.

«J’ai reçu beaucoup d’aide et d’appui de la part des entraîneurs lorsque j’étais jeune. Je tiens à offrir le même genre de soutien aux jeunes qui n’ont pas la vie facile, qui n’ont pas la chance de pouvoir compter sur leurs parents.

«Il faut savoir donner au suivant. Ces jeunes méritent qu’on leur offre la chance d’étudier et de faire du sport.»

Grissom a été l’un des meilleurs voltigeurs dans l’histoire des Expos. Il a joué à Montréal de 1989 à 1994 avant d’être cédé aux Braves d’Atlanta, où il a gagné la Série mondiale en 1995.

Grissom, qui excellait sur le plan défensif, comme le témoigne sa récolte de quatre gants dorés, a maintenu une moyenne au bâton en carrière de ,272 avec 227 circuits, 967 points produits et 429 buts volés.

Une famille de 15 enfants !

Grissom a grandi au sein d’une famille de...
15 enfants!

«J’ai reçu beaucoup d’amour de mes parents, souligne-t-il. On a toujours mangé à notre faim, malgré le fait que nous étions très nombreux à la maison. On a appris ce qu’est le respect.

«J’ai été bien entouré lorsque je jouais au baseball mineur. On m’a enseigné ce qu’est la discipline et ça m’a permis de devenir un meilleur homme.

«Je ne savais pas que j’allais connaître une telle carrière au baseball majeur. J’ai joué avec plusieurs joueurs fort talentueux dans les rangs mineurs, mais ils manquaient parfois de discipline», rappelle-t-il.

«De mon côté, j’ai compris qu’il fallait être à l’écoute de nos enseignants. J’ai toujours voulu transmettre mon savoir-faire aux jeunes. Ceux qui proviennent de milieux défavorisés ont encore plus besoin de compréhension.»

Sept joueurs repêchés

Grissom est très fier de nous mentionner que sept joueurs issus de son association ont été repêchés par des équipes des ligues majeures.

«Je suis surtout heureux de voir qu’ils ont terminé leurs études, précise-t-il. Car c’est un très faible pourcentage de joueurs qui atteignent les ligues majeures. L’éducation est la clé dans la vie.

«Ces jeunes savent qu’ils doivent d’abord se concentrer sur leurs études. On leur enseigne les règles de la discipline autant sur le terrain qu’à l’extérieur. Ils doivent faire leurs devoirs et démontrer du sérieux.

«C’est un programme qui me tient à cœur. Ça nous garde fort occupés, ma femme Sharron et moi.»

MARQUIS GRISSOM DONNE AU SUIVANT

Parmi les anciens joueurs qui ont porté les couleurs des Expos en 1994, plusieurs se contentent de profiter de la vie aujourd’hui. C’est normal lorsqu’on pense aux faramineux salaires qu’ils ont pu toucher au cours de leur carrière.

Marquis
Grissom Larry
Walker Moises
Alou Cliff
Floyd Rondell
White Tim
Spehr
PRÊTS À JOUER POUR
Marquis
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Alou Cliff
Floyd Rondell
White Tim
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«Je comprenais toutefois que c’était en raison de la grève, qui avait privé l’équipe d’importants revenus supplémentaires. Bien entendu, cette grève est venue gâcher notre formidable saison, mais elle a tout de même eu des effets positifs sur la santé du baseball. Les joueurs et les propriétaires se sont enrichis.

«Nous, les joueurs vedettes de l’équipe en 1994, aurions aimé que les dirigeants des Expos puissent garder le noyau de l’équipe intact une saison de plus, confie Grissom. Je me souviens qu’on avait même discuté de la possibilité d’aller rencontrer Claude Brochu dans son bureau pour lui dire que certains d’entre nous étaient prêts à jouer pour le même salaire en 1995 afin de pouvoir garder cette équipe-là à Montréal un an de plus. Mais c’était impossible. On ne s’est jamais rendu jusque-là.»

Grissom avait présenté une moyenne au bâton de ,288 avec 11 circuits, 45 points produits et 96 points marqués en 110 rencontres en 1994. Il faisait partie des cinq joueurs des Expos à avoir pris part au match des étoiles, les autres étant Moises Alou, Darrin Fletcher, Ken Hill et Wil Cordero.

«On avait beaucoup de plaisir à jouer ensemble, affirme Grissom. Une fois rendus à la mi-saison, on avait l’impression d’être devenus invincibles.»

Un circuit inoubliable à l’intérieur du terrain

Grissom a été l’auteur d’un bel exploit au cours de cette saison 1994 des Expos, soit lors d’un match contre les Cardinals de St-Louis le 1er août au Stade olympique. Il avait réussi un circuit à l’intérieur du terrain à titre de premier frappeur de la dixième manche.

«Je me souviens que la balle avait été frappée avec force et qu’elle avait rebondi contre la clôture, déjouant le voltigeur de centre. J’avais couru de toutes mes forces pour battre le relais de l’intercepteur Ozzie Smith au receveur Tom Pagnozzi. J’étais pas mal fier de mon coup.»

Grissom est au courant des efforts déployés par Warren Cromartie pour faire revivre le baseball à Montréal.

«J’ai croisé Mark Routtenberg, l’un des anciens actionnaires des Expos,  et je lui ai dit qu’il peut compter sur mon appui, que je serais prêt à y aller de ma contribution si nécessaire. Car Montréal a déjà été une excellente ville de baseball, ne l’oublions pas.»

LE MÊME SALAIRE… EN 1995

Marquis Grissom  a eu le cœur brisé lorsque les Expos l’ont cédé aux Braves en avril 1995, au cours de cette tristement célèbre vente de feu.

LARRY WALKER
Marquis
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Lorsqu’il n’est pas appelé à agir comme instructeur des frappeurs avec la formation canadienne dans le cadre d’un tournoi international, il arrive à Walker de conseiller directement de jeunes joueurs talentueux.

Il a accueilli récemment à son domicile en Floride le fort prometteur voltigeur Gareth Morgan, un Torontois de 6 pieds 4 pouces, 215 livres, qui frappe la balle comme une machine. Il n’a que 17 ans.

À l’instar de Walker, Morgan adorait le hockey, mais il a choisi de se concentrer sur le baseball, et on prévoit qu’il sera sélectionné tôt en première ronde au repêchage des ligues majeures cette année.

«Gareth est un voltigeur de droite comme moi et plusieurs observateurs parlent d’un phénomène, a raconté Walker lors d’une entrevue téléphonique. Il possède le talent et la taille pour atteindre les majeures.

«C’est maintenant entre les deux oreilles que ça va se jouer, et je lui ai refilé des trucs pour se renforcer mentalement. C’est la clé du succès. Je n’aurais jamais connu une carrière de 17 ans dans les majeures si je n’avais pas été fort mentalement. J’aime partager mon bon bagage d’expérience avec les jeunes.»

Walker a déjà aidé des joueurs canadiens comme Justin Morneau, qui est devenu une vedette dans les majeures. Il souhaite de tout cœur que Morgan suive leurs traces.

Le hockey dans le sang

Walker vit à West Palm Beach, où il passe beaucoup de temps avec ses trois filles qui jouent au soccer. Il aime bien le golf et la pêche.

Walker, on se souvient, était un bon gardien de but dans sa jeunesse. Il a joué son hockey mineur en compagnie de Cam Neely à Maple Ridge. Il a délaissé le hockey seulement après avoir été retranché au camp de la formation junior des Pats de Regina, à l’âge de 16 ans.

«J’ai toujours le hockey dans le sang, a-t-il confié. J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le tournoi olympique. Les victoires des Canadiens et des Canadiennes en finale à Sotchi m’ont réjoui au plus point.

«J’étais fier en entendant l’hymne national. Carey Price, que je n’ai jamais eu la chance de rencontrer même si nous sommes tous deux originaires de la Colombie-Britannique, a démontré qu’il est présentement le meilleur gardien de but du monde. Je devine qu’il doit être considéré comme étant un dieu à Montréal…»

Les Canucks de Vancouver demeurent son équipe préférée. «Je les ai toujours suivis et j’espère qu’ils pourront remporter la coupe Stanley, un de ces jours. Ils sont passés si près en 2011.»

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À bien y penser, on ne devrait pas inclure le nom de Larry Walker lorsqu’il est question de la «vente de feu» survenue en avril 1995, car le sort du voltigeur étoile s’était décidé lors de l’automne précédent, alors que les Expos ne lui avaient pas soumis d’offre de contrat afin de retenir ses services.

«Walker s’attendait à toucher un salaire annuel de cinq millions de dollars, soit un million de plus que son salaire de 1994, qui était déjà le plus élevé chez les Expos, a rappelé Claude Brochu. Étant donné son statut de joueur autonome, il aurait fallu lui accorder une entente de plusieurs saisons, et c’était un risque qu’on ne pouvait pas courir dans notre situation financière difficile.»

Les partisans des Expos n’ont jamais pardonné à Brochu d’avoir pris cette décision d’affaires. C’était absurde, à leurs yeux, de perdre les services d’un joueur de premier plan, un Canadien par-dessus le marché, sans rien obtenir en retour.

Walker était un spécimen rare. Un joueur complet, capable de tout faire sur le terrain. Il possédait un bras canon, un coup de bâton explosif et il courait très bien sur les buts. La pression ne lui faisait pas peur.

Il a obtenu ce qu’il recherchait avec les Rockies du Colorado

Profitant de son statut d’agent libre, Walker a donc signé un contrat avec les Rockies du Colorado en avril 1995, une fois la grève terminée. Une entente de quatre ans pour un montant de 22,5 millions de dollars.

«Les Expos ne m’ont jamais soumis d’offre pour demeurer à Montréal, a souligné Walker, qui était au courant que l’équipe avait tenté de le céder aux Orioles en avril 1994. Certains journalistes ont rapporté qu’il y aurait eu une offre de la part de l’équipe, mais mon agent ne m’en a jamais glissé un mot. J’adorais jouer à Montréal. Il est dommage que la situation financière des Expos ne leur ait pas permis pas de m’offrir un contrat à long terme.»

Walker a hâte de se retrouver cette semaine à Montréal, où il a vécu de très bons moments de 1990 à 1994.

«Ça fait si longtemps que je n’ai pas mis les pieds à Montréal. Ça va être bien spécial de revoir le Stade olympique, mais surtout, de revoir mes anciens coéquipiers des Expos, a-t-il dit. Il s’agit d’une courte visite de deux jours, malheureusement. Ça va passer très vite.»

Larry Walker a été l’un des meilleurs joueurs canadiens dans les ligues majeures de baseball, et l’athlète originaire de Maple Ridge, en Colombie-Britannique, aime bien refiler des conseils aujourd’hui à de jeunes compatriotes.

TOUJOURS PRÊT À AIDER LA RELÈVE
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Il a aussi mené l’équipe nationale de son pays vers la conquête du championnat, à la Classique mondiale de baseball qui fut disputée en mars 2013 à San Francisco.

Âgé de 47 ans, Moises Alou pourrait facilement obtenir un  poste avec une équipe des ligues majeures. Certaines formations l’ont approché pour un rôle d’instructeur, mais ce père de trois enfants a dit non parce qu’il préfère demeurer à la maison.

Des saisons trop longues à son goût

«Le baseball, j’ai ça dans le sang, de dire le fils de Felipe, qu’on a joint au téléphone chez lui en République dominicaine. J’ai grandi dans ce milieu et je me considère très chanceux d’avoir eu le talent nécessaire pour bien gagner ma vie dans ce sport.

«J’aime ça, diriger les Lions, parce que la saison est courte (à peine quatre mois) dans les ligues d’hiver», précise-t-il.

«Je ne voudrais pas m’absenter de mon domicile neuf mois par année. Je tiens à passer du bon temps à la maison, avec ma famille. J’aime aller à la pêche, à la chasse et j’aime aussi m’occuper de mes chevaux.

«Les saisons sont très longues dans les majeures. Il y a trop de déplacements, de continuer Alou. J’ai joué durant 17 saisons, en plus de quatre campagnes passées dans les ligues mineures et des deux autres au niveau collégial. On parle donc de 23 années passées loin de chez moi.

«Mon emploi de directeur général des Lions est bien suffisant. Je ne suis même pas sûr de vouloir faire ce boulot pendant bien longtemps encore», ajoute celui qui ne cache pas sa fierté d’avoir été à la tête de la formation championne lors de la dernière Classique mondiale de baseball.

Il été intronisé récemment au Panthéon du baseball des pays de l’Amérique latine.

Après avoir connu une longue et fructueuse carrière dans les ligues majeures, Moises Alou est demeuré impliqué dans le monde du baseball puisqu’il agit à titre de directeur général des Lions d’Escogido (Leones del Escogido), dans la ligue d’hiver de la République dominicaine, depuis cinq ans.

POUR MOISES ALOU EST SUFFISANT GÉRER DANS UNE LIGUE D’HIVER
UN DÉPART QUE N’ONT JAMAIS LES PARTISANS DIGÉRÉ

«On formait toute une équipe, raconte-t-il. Il est franchement dommage qu’on n’ait pas eu l’occasion de terminer notre mission. Il s’agissait d’une formation sans faiblesse, l’une des meilleures pour laquelle j’ai joué. Les gens m’en parlent encore régulièrement, 20 ans plus tard. On avait le vent dans les voiles et je pense qu’on aurait pu gagner la Série mondiale.

«On avait sans contredit tous les éléments nécessaires pour gagner: un excellent gérant, un personnel de lanceurs du tonnerre, de la puissance au bâton ainsi que de la rapidité sur les sentiers. On jouait sans avoir la peur de perdre, peu importe l’identité de nos rivaux.

«On avait du plaisir à se retrouver ensemble, souligne Moises. On formait en quelque sorte une famille. Ce fut un été magique… jusqu’au 11 août.»

Cinq joueurs des Expos avaient pris part au match des étoiles cette année-là et Alou avait joué les héros en frappant un coup de deux buts pour procurer la victoire à l’équipe de la Ligue nationale en 10e manche.

Maudite grève

Alou est amer en pensant à ce conflit de travail qui a mis un terme à l’épopée des Expos le 12 août 1994.

«Cette grève est la principale raison pour laquelle les Expos ont disparu de la carte», affirme-t-il.

Alou revient avec plaisir à Montréal pour cet hommage rendu aux joueurs de 1994.

«J’ai hâte de revoir la ville et ça va être bien spécial de me retrouver au Stade olympique, là où j’ai connu de très beaux moments», raconte-t-il au bout du fil.

«Ma carrière a pris son envol à Montréal. Ça ne s’oublie pas. Les amateurs m’ont toujours bien appuyé.»

Alou espère lui aussi que Montréal retrouvera un jour son équipe de baseball.

«Ça peut toujours se réaliser, si on parvenait à construire un stade au centre-ville.»

Une leçon de détermination

Alou a porté les couleurs des Expos de 1990 à 1996.

Il a fait preuve de beaucoup de courage en surmontant de sérieuses blessures au cours de sa carrière, comme cette horrible fracture à une cheville qu’il a subie en glissant au deuxième but lors d’un match disputé en septembre 1993 à Saint-Louis.

Ça ne l’avait pas empêché de revenir en force en 1994 en conservant une moyenne au bâton de ,339 avec 22 circuits et 78 points produits en 107 rencontres. Tout un exemple de détermination.

Alou a disputé 1942 matchs dans les majeures, récoltant 2134 coups sûrs, dont 332 circuits, et 1287 points produits.

Il a été sélectionné à six occasions au sein de l’équipe d’étoiles.

Une moyenne de ,303

Alou a conservé une moyenne au bâton en carrière de ,303. Rappelons qu’il était l’un des rares joueurs des majeures à ne pas utiliser de gants pour frapper.

Il a connu sa meilleure campagne en 1998, dans l’uniforme des Astros de Houston, quand il a totalisé 38 coups de circuit et 124 points produits.

Il a aussi frappé 39 circuits avec les Cubs de Chicago en 2004.

Moises fut impliqué dans un incident qui avait fait couler beaucoup d’encre en octobre 2003, lors du sixième match la série de championnat entre les Cubs et les Marlins.

En huitième manche, avec son équipe en avance 3 à 0, Alou s’apprêtait à capter un ballon frappé hors ligne pour le deuxième retrait lorsqu’un partisan des Cubs, Steve Bartman, installé dans la première rangée des gradins, est intervenu pour l’empêcher d’effectuer l’attrapé.

Les Marlins ont explosé par la suite en inscrivant huit points et les Cubs ne s’en sont jamais remis, perdant cette série de championnat en sept matchs.

Même s’il a gagné la Série mondiale avec les Marlins de la Floride en 1997, Moises Alou garde une place bien spéciale dans son cœur pour les Expos de 1994.

La meilleure 
équipe pour laquelle il a joué

Marquis Grissom garde d’excellents souvenirs de ses années passées à Montréal.

«J’ai remporté la Série mondiale en 1995 avec les Braves, mais je persiste à croire que les Expos de 1994 représentaient la meilleure équipe pour laquelle j’ai joué», affirme-t-il.

«Nous étions forts à toutes les positions. On affichait le meilleur dossier dans le baseball au moment du déclenchement de la grève. On venait de balayer une série contre les Braves. Tout le monde parlait de nous.

«J’accorde une large part du mérite pour nos succès à Felipe Alou et à ses adjoints. Ils savaient comment  tirer le maximum de chaque joueur. Ils croyaient en nous.»

Grissom adorait la ville de Montréal.

«Je ne connaissais rien de Montréal et du Canada lorsque les Expos m’ont repêché en troisième ronde en 1988, avoue-t-il.

«Ce fut la meilleure chose qui pouvait m’arriver que de me retrouver avec les Expos, car c’était une organisation qui savait développer ses jeunes joueurs. J’ai vite appris à aimer la ville. Les partisans de l’équipe m’ont très bien traité. Ils étaient fort chaleureux.»

Larry Walker a connu des saisons du tonnerre au Colorado. Il a même été choisi le joueur par excellence dans la Ligue nationale en 1997 avec une récolte de 49 circuits et de 130 points produits.

Il a amassé des statistiques impressionnantes durant ses 17 saisons dans les majeures (trois championnats des frappeurs, sept gants dorés, 2160 coups sûrs, moyenne au bâton de ,313, 1311 points produits, 383 coups de circuit et 230 buts volés).

Cela lui a valu d’être considéré pour obtenir une place au Panthéon de la renommée. Il n’a pas été choisi, parce que les gens appelés à voter ont tenu compte du fait que plusieurs de ses exploits offensifs ont été réalisés dans un stade au Colorado, le Coors Field, qui favorisait les frappeurs de puissance.

«C’est décevant. Je n’ai pas joué différemment parce que j’étais à Denver. J’ai toujours joué de la même manière. Les nombreuses blessures que j’ai subies durant ma carrière m’ont empêché de récolter davantage de coups sûrs et de points produits», a-t-il souligné.

«Il demeure que je suis très fier de ce que j’ai accompli durant ma carrière. Atteindre les majeures est une chose. Y jouer longtemps est pas mal plus difficile.»

Walker a pris part à une seule Série mondiale et c’était en 2004 avec les Cardinals de St-Louis, qui ont cependant été balayés en quatre matchs par les Red Sox.

«Les Expos de 1994 et les Cardinals de 2004 ont été les deux meilleures formations pour lesquelles j’ai joué.»

Walker garde de très bons souvenirs des saisons 1993 et 1994. Il dominait l’équipe avec un total de 86 points produits au moment du déclenchement de la grève. Il totalisait aussi 44 coups de deux buts, un sommet dans la Ligue nationale.

«J’aurais tellement aimé remporter une Série mondiale avec les Expos, a-t-il raconté. Ç’aurait été la folie au stade. Car nous avions de très bons partisans à Montréal, dans ces années-là.»

Il est d’avis que la force des Expos en 1994 est le fait qu’ils ne craignaient personne. Ils jouaient à la fin avec une confiance inébranlable.

DES STATISTIQUES REMARQUABLES MAIS…
DES SOUVENIRS IMPÉRISSABLES
CLIFF FLOYD

Pendant 17 saisons dans les ligues majeures, Cliff Floyd a fait parler de lui avec son coup de bâton.

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À L’AISE DANS LE MONDE DES MÉDIAS

 Depuis qu’il est à la retraite, l’ancien joueur de premier but des Expos analyse et commente les performances des joueurs actuels pour le compte du réseau Fox Sports Florida, de même que sur les ondes de la radio satellite Sirius.

Il participe aussi à des émissions de télé produites par le site web des Ligues majeures de baseball, tout en s’occupant de ses trois enfants.

«Je ressentais le besoin de relever un nouveau défi une fois ma carrière d’athlète terminée et je l’ai trouvé dans le monde des médias», explique Floyd.

«J’aime parler de baseball, le sport qui m’a permis de connaître une longue carrière. Je ne suis pas là pour critiquer les joueurs, mais bien pour partager mes connaissances avec le public, de raconter ce qu’un joueur peut ressentir dans certaines situations. Je me sens à l’aise dans ce nouveau métier que j’exerce depuis trois ans.»

Floyd, âgé de 41 ans, a comme voisin Rondell White à Davie, non loin de Fort Lauderdale. Les deux hommes se sont connus à Montréal.

Sans pression

Floyd fut le premier choix des Expos au repêchage de 1991. Trois ans plus tard, Felipe Alou et l’instructeur des frappeurs Tommy Harper ont jugé que le colosse de 6 pi 4 po était prêt à jouer régulièrement dans les majeures.

«Je ne remercierai jamais assez ces deux hommes pour la confiance qu’ils m’ont témoignée à mes débuts, avoue Floyd. J’ai dû apprendre à jouer au premier coussin et j’étais bien secondé par Randy Milligan. C’est drôle à dire, mais je ne ressentais pas de pression. J’étais juste heureux d’avoir l’occasion de jouer dans les majeures.»

Les Expos lui ont donné la chance de participer à 100 matchs à sa saison recrue en 1994, la majeure partie du temps au premier coussin parce que Marquis Grissom, Larry Walker et Moises Alou étaient «indélogeables» au champ extérieur.

Reconnu pour sa puissance au bâton, Floyd n’a frappé que quatre coups de circuit, mais l’un d’entre eux a été spectaculaire.

Un circuit retentissant

C’est survenu le 27 juin, au Stade olympique. Floyd s’est présenté au bâton en septième manche face au réputé lanceur des Braves, Greg Maddux. Il y avait des coureurs aux extrémités des sentiers.

«J’ai toujours aimé frapper des balles basses et Maddux m’en avait lancé une à mon goût, raconte Floyd. Il tentait d’enregistrer une troisième prise, mais j’étais fin prêt pour son tir.

«Je m’étais élancé de toutes mes forces et j’avais retroussé la balle sur une distance de 425 pieds pour un circuit de trois points qui nous avait permis de battre les Braves. On m’a souvent dit que ça ressemblait à un élan de golfeur sur un tertre de départ.

«Ce fut le fait saillant de ma première saison dans les majeures, reconnaît Floyd. C’était une grosse  victoire pour l’équipe. On ne savait pas à ce moment-là que la saison allait prendre fin à la mi-août…»

Les 45 000 spectateurs réunis au stade avaient été émerveillés par ce coup de canon. Floyd a conservé une moyenne au bâton de ,281 avec 41 points produits à sa première saison avec les Expos.

«On formait toute une équipe, dit-il. J’étais tout jeune, mais je réalisais bien que ce n’était pas un club comme les autres. Je suis convaincu qu’on aurait pu gagner la Série mondiale en 1994.»

Échangé aux Marlins

Les Expos ont échangé Floyd aux Marlins le 26 mars 1997, obtenant en retour Dustin Hermanson et Joe Orsulak.

Floyd a aidé les Marlins à remporter la Série mondiale quelques mois plus tard, mais dans un rôle de joueur de soutien.

Il a ensuite connu ses meilleures saisons en 1998 (90 points produits), en 2000 (91 pp, en 2001 (103 pp) et en 2005 (98 pp avec les Mets).

Cliff Floyd et Rondell White

Au cours de sa carrière de 15 saisons dans les ligues majeures, Rondell White était reconnu pour posséder un bon coup de bâton, lui qui a totalisé 1519 coups sûrs, dont 198 circuits, et récolté 768 points produits. Il a notamment cogné 28 coups de circuit et produit 82 points au cours de la saison 1997 avec les Expos.

Marquis
Grissom Larry
Walker Moises
Alou Cliff
Floyd Rondell
White Tim
Spehr

Son bâton était donc son meilleur outil de travail, et il est cocasse d’apprendre qu’aujourd’hui, White est partenaire dans une compagnie de coupe de bois en Caroline du Nord et en Géorgie, soit Two Grain Timber.

Une compagnie qui transforme ensuite ce bois en meubles, en matériaux de construction pour murs et planchers, de même qu’en bâtons de baseball.

Un passe-temps

«C’est simplement un passe-temps pour moi, précise White, qu’on a joint chez lui, à Davie, dans le sud de la Floride. Ça fait maintenant trois ans que je suis partenaire dans cette compagnie située dans ma ville natale de Gray, en Georgie.

«Ça m’a permis de rencontrer des tas de gens intéressants. J’ai même eu la chance de diriger, pendant un certain temps, ma propre équipe de bûcherons. Mais je n’ai pas poursuivi l’aventure, car je suis domicilié en Floride.»

Pour chaque arbre qui est coupé, on en plante un. «Le reboisement est capital, dit-il. La nature, c’est quelque chose qu’il faut protéger.»

Il a beaucoup appris

À sa première saison

White s’amène à Montréal avec grand plaisir pour participer à ces retrouvailles de la saison 1994 des Expos.

«J’ai adoré les huit saisons que j’ai passées à Montréal, raconte-t-il. C’est l’équipe qui m’a repêché en première ronde en 1990, qui m’a donné ma première chance. Je ne jouais pas beaucoup en 1994 parce que les Expos misaient alors sur trois voltigeurs étoiles en Marquis Grissom, Moises Alou et Larry Walker.

«Je n’ai obtenu que 97 présences au bâton, récoltant 13 points produits. Je jouais uniquement lorsqu’un lanceur gaucher était au monticule pour l’équipe adverse.

«J’ai cependant beaucoup appris au contact de tous ces grands joueurs en 1994. Je n’ai pas eu la chance de participer à la Série mondiale durant ma carrière, mais pour moi, les Expos cette année-là avaient le talent nécessaire pour gagner la Série mondiale. Malheureusement, la grève est venue stopper notre élan.»

Des hamburgers… aux steaks !

White se souvient d’une phrase lancée par Ken Hill au cours de cette saison 1994. «On avait pris confiance en nos moyens en tant qu’équipe au fil des semaines et Ken avait alors lancé, avec son sens de l’humour particulier: «On a fini de manger des hamburgers. On va maintenant manger du steak !»

White a connu une belle carrière dans les majeures. Seule ombre au tableau: son nom a été mentionné dans le rapport Mitchell concernant le dopage dans les années 2000.

«J’aurais obtenu de bien meilleures statistiques si j’avais pu éviter les blessures, souligne White. J’ai joué la majeure partie de ma carrière sur une seule jambe.»

Âgé de 42 ans, White consacre la majeure partie de son temps à sa famille en Floride.

«Je vais reconduire mes deux enfants à l’école et je leur prépare de bons repas. Je passe aussi beaucoup de temps avec mon grand copain, Cliff Floyd, qui demeure de l’autre côté de la rue. C’est une vie que j’aime.»

TIM SPEHR VEND...
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Le receveur auxiliaire Tim Spehr a joué dans les grandes ligues durant huit saisons, dont quatre avec les Expos, soit de 1993 à 1996.

Aujourd’hui, Spehr gagne sa vie à titre de conseiller en prêts hypothécaires pour la firme Texas Lending.com, qui a ses bureaux à Dallas.

«Je détiens probablement le record pour la plus faible moyenne de salaire pour un gars qui a joué huit ans dans les majeures, a lancé en riant Spehr lorsqu’on l’a joint au téléphone. Je gagnais toujours le salaire minimum ou à peine un peu plus (son salaire s’élevait à 132 000$ en 1994).  Mais j’ai eu la chance de réaliser mon rêve de jouer dans les majeures. C’est ce que je retiens.»

Après avoir pris sa retraite en 2000, Spehr a songé à devenir instructeur.

Il n’a pas d’autre choix que de travailler

«En 2002, un ami m’a toutefois offert du travail dans le domaine des prêts hypothécaires et j’ai accepté son offre, explique Spehr. Ce fut intéressant pendant plusieurs années, mais là, c’est plus difficile de vendre des hypothèques aux États-Unis. Je me demande parfois si je n’aurais pas dû faire carrière comme entraîneur. Ce serait toutefois difficile de retourner faire ce boulot après avoir été absent du baseball pendant 14 ans.

«Les gens croient que nous sommes tous riches parce qu’on a joué au baseball dans les majeures. Je n’ai pas d’autre choix que de travailler pour faire vivre ma famille, avoue Spehr.

«Je n’ai pas été en mesure d’amasser suffisamment d’argent pour jouir d’une retraite bien confortable, contrairement à plusieurs anciens coéquipiers qui ont touché de bien plus gros salaires. J’ai toujours su qu’il faudrait que je me trouve un boulot une fois ma carrière terminée.»

Un rôle défensif

Spehr est fébrile à l’idée de revenir à Montréal pour cet événement spécial, de revoir les membres de cette équipe de 1994.

«On avait mal amorcé la saison, mais en juillet et août, nous formions assurément la meilleure équipe des majeures. Personne ne paniquait même si on accusait un déficit dans un match, raconte-t-il.

«J’avais un rôle défensif chez les Expos. Felipe Alou m’envoyait derrière le marbre en fin de match par mesure défensive, alors que  John Wetteland ou Mel Rojas étaient appelés à protéger la victoire.

«Mon rôle était clairement défini. J’appréciais ça. Ce furent mes plus belles années et je garderai toujours de merveilleux souvenirs de Montréal. C’est vraiment dommage que la grève soit venue tout gâcher en 1994. On ne pouvait pas savoir que le reste de la saison serait annulé.»

Spehr n’a totalisé que 36 présences au bâton en 1994, frappant neuf coups sûrs et produisant cinq points. Sa moyenne au bâton en 363 matchs dans les majeures ne s’est élevée qu’à ,198.

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On a tendance à croire que tous les joueurs qui ont évolué dans les ligues majeures durant plusieurs saisons sont millionnaires, qu’ils n’ont plus besoin de travailler pour faire vivre leur famille.

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