«On ne jouera pas à l’autruche, les temps sont durs, confirme Jean Trudeau, directeur général de l’Association des golfeurs professionnels du Québec.

«Il y a toujours autant de golfeurs, mais le nombre de rondes disputées annuellement diminue. C’est le phénomène auquel on est confronté.»

En fait, il y a eu une croissance de la clientèle depuis les années 1990, époque au cours de laquelle les parcours poussaient comme des champignons.

«À mon arrivée à l’AGP, en décembre 1991, le nombre d’adeptes du golf se chiffrait à 800 000, se souvient M. Trudeau.

«Aujourd’hui, ce nombre s’élève à 1 08 000.»

Or, les chiffres disent que les golfeurs jouent moins souvent.

«C’est plus dur pour les opérateurs de clubs, continue M. Trudeau.

«Les gens qui disputaient une vingtaine de rondes annuellement en jouent maintenant une douzaine. La fidélisation n’est plus la même non plus. Les golfeurs peuvent jouer en moyenne dans neuf clubs au cours d’une année.»

Changement sociologique

Les gens modifient leurs habitudes de vie.

«De nos jours, les 20 à 50 ans n’ont pas la même philosophie de vie que leurs prédécesseurs de ces groupes d’âge, observe Bernard Vaillancourt, le président de l’Association des directeurs généraux des clubs de golf du Québec et directeur général du Parcours du cerf, à Longueuil.

«Autrefois, être membre d’un club de golf comportait un aspect social. Non seulement on jouait au golf avec des amis, mais ça donnait aussi un certain standing. Ça permettait de faire des affaires.

«Maintenant, c’est moins prestigieux. Les réseaux sociaux ont changé la façon de faire des affaires. Le temps est tellement précieux que les gens consacrent de plus en plus de temps à leurs familles.

«À une autre époque, les hommes consacraient leurs samedis au golf pendant que les femmes continuaient à s’occuper des enfants. Ce n’est plus comme ça. Les femmes travaillent et les activités se font en famille. De plus, le dollar loisir est sollicité de partout.»

Comme exemple, M. Trudeau cite la pratique du vélo de randonnée. Une fois la bicyclette et les équipements achetés, il n’en coûte plus grand-chose. Les réseaux de piste cyclable pullulent tant en milieux urbains qu’en régions.

«Les baby-boomers sont ceux qui font réellement vivre l’industrie du golf, ajoute M. Trudeau.

«Il faut absolument s’attaquer à la nouvelle génération.»

Retard à rattraper

S’il n’est pas trop tard pour corriger le tir, il reste que cela aurait dû être commencé depuis longtemps. Les intervenants du milieu ont surfé sur la vague en pensant que ça ne s’arrêterait jamais.

«Notre industrie a manqué le bateau en ne mettant pas l’accent sur le développement des jeunes joueurs et de son sport, ainsi que sur sa démocratisation», déplore Sylvain Beaudet, président et directeur général du Groupe Beaudet, propriétaire de quatre terrains de golf et gestionnaire de deux autres sur l’île de Montréal et dans les couronnes nord et sud.

SONT DURS »

L’industrie du golf québécois traverse une période de morosité. La situation soulève beaucoup de questionnement dans le milieu. Des études de marché détaillées ont été faites. Sans parler de catastrophe, le constat n’en est pas moins clair. Des moyens doivent être pris pour relancer le golf auprès de la clientèle québécoise.

« LES TEMPS – Jean Trudeau, DG de l’AGPQ

Il y a plus

de golfeurs... mais ils jouent moins souvent

Jean
Trudeau

Une étude effectuée pour le compte de l’Association nationale des associations de golf indique que le nombre de personnes s’initiant au golf est égal au nombre de personnes qui abandonnent le jeu.

On parle de 17 %, ou environ 1 080 614 personnes dans un bassin de 6,35 millions de joueurs potentiels.

«Au Québec, la proportion de non-golfeurs s’élève à 60 %», fait savoir Jean Trudeau, directeur général de l’Association des golfeurs professionnels.

«Là-dessus, 5 %, c’est-à-dire près de 318 000 personnes, disent qu’elles veulent commencer à jouer. Il faut aller les chercher.»

Par ailleurs, plusieurs anciens golfeurs se disent prêts à retourner sur les parcours.

«On parle de plus d’un demi-million de gens (508 524)», souligne Trudeau.

«C’est un créneau important.»

Accueil et service

Pour ramener ces gens, il est impératif que les dirigeants et opérateurs de clubs adoptent la bonne philosophie.

«On se doit d’adopter une politique d’ouverture», affirme Bernard Vaillancourt, président de l’Association des directeurs généraux des clubs de golf du Québec.

«On se doit d’aider les golfeurs à comprendre et à assimiler les techniques du jeu afin qu’une journée de golf soit un plaisir et non une corvée.»

Vaillancourt insiste également sur le service à la clientèle. Peu importe le domaine, les clients qui se sentent accueillis comme un chien dans un jeu de quilles vont aller dépenser leur argent ailleurs.

Vérité crue

Sylvain Beaudet, président et directeur général du Groupe Beaudet, n’oubliera jamais ce qu’il avait entendu de la bouche d’un entrepreneur réputé à l’occasion d’un congrès.

«Le conférencier était Charles Désourdy, président du groupe Ski Bromont», raconte Beaudet.

«En tout cas, vous, les opérateurs de clubs de golf, vous devez faire de l’argent comme c’est pas possible pour refuser un client parce qu’il porte un jean», nous avait-il lancé.

«C’était comme si j’avais reçu un coup de batte en pleine face! Ç’a été une véritable révélation. Je me suis dit qu’il avait bien raison.»

Créer une base

Le Parcours du cerf (Longueuil), qui est un club public, n’accepte pas le port du jean. Ce n’est pas le cas sur certains terrains du Groupe Beaudet, mais ça ne veut pas dire que c’est une bonne chose.

«Toutes les raisons sont valables pour que l’on accepte tout le monde sur les terrains», reprend Beaudet.

«Par contre, ce n’est pas très confortable de jouer au golf en jean. Après l’avoir fait une fois, le débutant va peut-être se demander si c’est la bonne tenue. À sa ronde suivante, il va peut-être porter un pantalon léger ou un bermuda parce qu’il se sentira plus à l’aise.

«La première chose à faire est de donner le goût aux profanes de jouer au golf. L’industrie commence à se faire à cette idée. C’est une question de survie.

«C’est drôle à dire, mais il faut former les clients. Si on veut augmenter la clientèle dans des clubs plus haut de gamme, il faut commencer par la base. Mais la base, on ne l’a pas.»

Et, comme on peut le voir dans ce dossier, le phénomène sévit à travers l’Amérique du Nord.

«Il y a une place pour chaque chose et pour chaque modèle d’affaires», explique Beaudet.

«Notre groupe possède des clubs qui répondent à chaque besoin. C’est la politique de notre entreprise. On invite les gens à s’amuser et on va continuer à mettre l’accent sur cette formule cette année.

«Nous allons organiser des ligues féminines, des ligues de débutants et des ligues de compétiteurs. Notre slogan sera d’ailleurs: Faites partie de la ligue!»

Le plaisir ne devrait pas manquer.

Contrairement aux États-Unis,
où les pertes sèches se comptent par millions, les chiffres de la clientèle du golf se maintiennent au Québec et dans les autres provinces canadiennes.

318 000 Québécois se disent prêts à commencer à jouer

UN MARCHÉ
À CONQUÉRIR

« On se doit d’adopter une politique

d’ouverture »

– Bernard
Vaillancourt

Sylvain Beaudet marque un point en disant que la perception est plus forte que la réalité. C’est vrai depuis toujours et c’est plus fort que jamais maintenant que tout le monde peut s’exprimer pas l’entremise des réseaux sociaux.

Au golf, le temps et le passage des générations n’ont pas effacé l’image hautaine associée à ce sport, et ce, même si les intervenants rencontrés dans le cadre de ce reportage affirment que ce n’est plus le cas depuis un bon moment.

«Mais on sait que ça peut nuire», pense Bernard Vaillancourt.

Il n’y a pas si longtemps, les terrasses étaient divisées en deux sections dans certains clubs, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes.

C’était peut-être la dernière chasse gardée du genre masculin depuis la fin des tavernes.

Terrains pour tous les genres

La rigidité du code vestimentaire chatouille encore, mais là-dessus, la perception est vraiment plus forte que la réalité. La philosophie de Sylvain Beaudet est toute simple à cet égard.

«Il y a des terrains de golf pour chaque type de client, dit-il.

«Le club Laval-sur-le-Lac est réservé à une clientèle haut de gamme. Le club Lachute (propriété du Groupe Beaudet) possède deux des plus beaux parcours du Canada. Jadis un club privé, il est devenu public à la fin des années 1970.

«Les gens qui veulent y jouer en bermuda cargo sont les bienvenus. On les invite à venir s’amuser chez nous et ils peuvent être de très bons joueurs aussi.

«Si tu portes ta casquette avec la palette en arrière, ça ne me dérange pas. Notre but est de ramener le plaisir dans le jeu. On ne peut pas inviter les gens à venir jouer au golf, tout en leur imposant une ligne de conduite. Ça ne peut pas marcher.»

Iniquités et environnement

D’autres choses font que le golf projette une image négative aux yeux de certaines personnes.

Jean Trudeau et Beaudet déplorent les iniquités fiscales qui pèsent sur leur sport.

Les compagnies et individus qui possèdent des loges corporatives au Centre Bell peuvent déduire de leurs impôts les frais de représentation utilisés à des fins d’échanges commerciaux.

Au golf, il se trouve encore des gens pour qui ce sport est une toile de fond pour brasser des affaires, mais ils ne bénéficient d’aucune exemption fiscale à cet effet.

Les auditions de la commission Charbonneau n’arrangent pas les choses non plus. Les politiciens et gros entrepreneurs ne vont plus dans les loges des firmes d’ingénieurs au Centre Bell.

D’autre part, en ces temps où la société est conscientisée de plus en plus aux vertus de l’écologie, le golf a mauvaise réputation dans ce domaine.

«J’ai des amis qui me reprochent d’avoir recours à des produits toxiques pour l’entretien de nos terrains, raconte Beaudet, qui met lui-même en pratique des mesures environnementales dans la vie de tous les jours.

«Or, on utilise de petites quantités de pesticides, d’herbicides et d’engrais. On travaille de plus en plus avec des produits écologiques et biologiques, ajoute-t-il.

«C’est encore nouveau. Ce n’est pas très répandu, mais les clubs y sont ouverts de plus en plus. On ne fait pas de traitements près des cours d’eau et on applique un programme de réduction des pesticides avec le ministère du Développement durable.»

TOUJOURS UNE IMAGE NÉGATIVE

Le golf semble une affaire de rien jusqu’à ce qu’on se retrouve sur un tertre de départ pour la première fois. On s’installe, on s’élance et la balle est encore sur le tee!

Aucune statistique n’existe à cet effet, mais pas besoin. Les profanes sont plus nombreux à fendre l’air et bienheureux ceux qui jouent en deçà de 100 à leur première saison sur les somptueux parcours verts.

«L’être humain étant ce qu’il est, plus il sent que ses performances stagnent ou régressent, plus il perd de l’intérêt pour le sport qu’il pratique, dit Bernard Vaillancourt.

«Ça aussi, c’est constaté dans les études qu’on a sous la main.»

Efforts insuffisants

Une étude canadienne a été effectuée pour le compte de l’Alliance nationale des associations de golf. Déposée en septembre 2012, cette analyse recommande aux opérateurs de clubs d’aider les joueurs à surmonter les techniques du jeu.

En septembre dernier, les organismes et clubs de golf du Québec ont reçu un volumineux rapport portant sur l’analyse du potentiel du marché du golf québécois.

Les deux études sont unanimes: le milieu doit faire bouger les choses. Ce qui était acquis dans les bonnes années ne l’est plus.

«Les opérateurs de clubs font tout dans la mesure du possible pour attirer de la clientèle, estime Vaillancourt.

«Les tarifs sont raisonnables. On peut jouer à prix réduits en début et en fin de journée. L’âge d’admission a été baissé dans les champs de pratique pour permettre aux jeunes d’y avoir accès.

«Chez nous, au Parcours du cerf, seul le port du jean n’est pas toléré. Les efforts sont là, mais curieusement, ça ne suffit pas du tout.

«La solution passe par la promotion du jeu. Il faut aussi ramener le plaisir de jouer, car le golf, c’est un jeu.»

Aspects désagréables

Ce n’est pas le cas quand le marshall d’un terrain vous demande d’accélérer sur un ton pas toujours gentil ou que le quatuor derrière vous pousse dans le dos.

Ce n’est pas de cette façon que l’on va se détendre sur un terrain de golf. C’est un motif qui peut mener à l’abandon du jeu.

Quand on n’a plus de plaisir à pratiquer un passe-temps, on passe à autre chose. Il faut s’amuser.

«C’est ce qui choque beaucoup les gens, indique Sylvain Beaudet.

«Le golf est un sport difficile, qui demande une grande précision. J’entends les puristes s’objecter, mais quand tu t’inities à un sport, les règlements ne devraient pas s’appliquer.»

Pour les bons joueurs, l’étiquette se veut effectivement un incontournable. Ils sont à cheval sur les principes et la réglementation.

C’est pas touche!

Ça prend de l’ouverture d’esprit

De son côté, Beaudet pense qu’il y a place pour de la flexibilité.

«Je me sers toujours du tennis comme exemple quand je veux expliquer ma pensée, continue-t-il.

«Combien de fois voit-on un débutant au tennis faire le service en élevant sa raquette au-dessus de sa tête? demande-t-il.

«Ce groupe de joueurs respecte-t-il toujours le principe du bond unique dans les échanges? La réponse est non. On apprend à frapper la balle.

«Dans cette optique, pourquoi le golf doit-il appliquer systématiquement les règlements? Quand ta balle est dans l’allée, place un tee dessous jusqu’à ce que tu deviennes assez bon pour la soulever sans appui. Même chose autour des verts.

«Ça se veut à l’encontre des règlements, mais le golf en est où aujourd’hui?»

Mythe à démolir

La compétition est grande. Les sports les plus anciens doivent s’ajuster. L’arrivée du snowboard a tiré bien des stations de ski d’embarras.

«Une institution comme celle des Jeux olympiques s’est modernisée, souligne Jean Trudeau.

«Regardez le nombre de disciplines spectaculaires qui ont été ajoutées aux jeux d’hiver. C’est impressionnant pour des jeunes qui regardent ça à la télévision.

«Il faut les initier à un sport à l’âge de 8, 9, 10 ou 11 ans. Autrefois, le golf avait une image selon laquelle ce n’était pas ouvert à tout le monde. Ce n’est plus le cas. Ça s’est démocratisé.»

Audet partage cette opinion, mais le mythe persiste.

Pour le faire disparaître, du travail devrait être fait. Si on insiste pour dire que le golf est accessible à tout le monde, encore faut-il en faire la promotion et le clamer tout haut.

LA SOLUTION PASSE PAR LA PROMOTION DU JEU
– Jean Trudeau

Le mot est lancé dans l’industrie du golf. Le moment est venu pour elle de se dépoussiérer et de se retrousser les manches. Les temps changent. Il faut s’ajuster aux réalités du 21e siècle.

Les constats montrent que la guerre des prix produit de mauvais effets sur l’industrie et que le nombre de rondes jouées ne grimpe pas pour autant.

Au contraire, la tendance est à la baisse. Les gens recherchent du nouveau et dans un univers qui leur offre des nouveautés à l’infini, ils ont le choix d’aller ailleurs.

«C’est à nous de nous ajuster aux habitudes des consommateurs», convient Jean Trudeau.

C’est déjà commencé dans certains clubs et la tendance va sans doute s’intensifier.

Parcours de 12 trous

À Longueuil, le Parcours du cerf offrira un parcours de 12 trous cette année.

La formule est répandue en Australie et on trouve quelques parcours du genre aux États-Unis.

Au Canada, il y en a notamment un à Mississauga (Toronto), le Derrydale Golf Club, qui connaît un succès monstre.

Le parcours compte huit normales 3 et quatre normales 4.

Le Parcours du cerf offrira plus de variété avec six normales 3, 4 normales 4 et 2 normales 5, ce qui permettra aux golfeurs d’utiliser tous les types de bâton dans leur sac.

«C’est bien qu’un club décide d’essayer quelque chose, commente Trudeau.

«On ne sait pas ce que ça va donner, mais je pense que ça va répondre à un type de clientèle.»

Formules de jeu combinées

L’automne dernier, le même club a innové lors de ses tournois de championnat en faisant une combinaison des formules Vegas et Chapman.

Connue aussi sous le nom Quatre balles, meilleure balle, le Vegas est un jeu dans lequel les équipes peuvent être composées de deux, trois ou quatre joueurs.

Chaque joueur de l’équipe frappe une balle et son capitaine choisit la meilleure. Tous les joueurs frappent ensuite à partir de l’emplacement de ladite balle et ainsi de suite.

Le Chapman est une formule de double. Chaque joueur joue sa balle au coup de départ, puis frappe celle de son partenaire au deuxième coup.

Au coup suivant, la balle la mieux placée est choisie et l’équipe continue le jeu alternativement avec cette balle.

Chaque équipe reçoit l’addition des 40 % des handicaps des deux joueurs.

Les habitués du club longueuillois ont été enthousiasmés par l’amalgame des deux formules et ils sont plusieurs à souhaiter que l’expérience soit répétée cette année.

Création de ligues

Les puristes et les accros respecteront toujours l’étiquette et c’est parfait. Mais il y en a plusieurs pour qui le golf n’est pas aussi sérieux.

« Faut s’ajuster aux demandes des consommateurs »

Golf Québec fait beaucoup de sensibilisation auprès des jeunes en milieu scolaire

DES JEUNES INITIÉS

La pérennité des clubs de golf passera indubitablement par les adultes de demain.  À cet égard, Golf Québec fait beaucoup de sensibilisation auprès des jeunes en milieu scolaire.

Depuis 2009, les enfants peuvent s’initier à la pratique du golf dès le primaire.

Pour ce faire, Golf Canada, initiateur du programme, fait équipe avec la PGA canadienne et l’Association nationale des éducateurs physique.

Le programme respecte les objectifs des ministères de l’Éducation des provinces en matière de développement.

Les coûts d’équipement sont abordables pour les écoles. Il en coûte 500 $ pour des bâtons de plastique, des balles de mousse et autres accessoires comme des cerceaux et des verts.

Le nombre de leçons est de neuf, de la première à la troisième année, et passe à 11, de la quatrième à la sixième année.

Près de 500 écoles

Pas moins de 440 écoles primaires initient leurs élèves au golf à travers la province. Depuis l’an dernier, le programme fait aussi partie des cours d’éducation physique dans une cinquantaine d’écoles secondaires.

«L’objectif est surtout de démocratiser le golf, explique Jean-Pierre Beaulieu, directeur général de Golf Québec.

«Aujourd’hui, on peut jouer pour aussi peu que 20 $. On essaie de sensibiliser les clubs aux jeunes. Autrefois, les juniors y étaient repoussés. Maintenant, les clubs en demandent.

«De plus en plus de cours se donnent pour les jeunes.»

grille de niveaux

Déjà, en 1996, la Fédération de golf instaurait le programme Premiers élans.

«Son nombre d’échelons a été réduit de sept à quatre l’an dernier, indique Jean-Pierre Beaulieu.

«On s’est rendu compte qu’il commençait à y avoir un écart à partir de 15 ou 16 ans. Les joueurs peu concernés prenaient du recul par rapport aux joueurs plus avancés.»

Par ailleurs, la compagnie de souliers et de vêtements sportifs Puma sera associée à ce programme à compter de cette année.

Comme au judo, les niveaux seront identifiés par des couleurs correspondant à quelques-unes des teintes offertes par la compagnie. Les jeunes se verront remettre par celle-ci une casquette les identifiant à la couleur de leur calibre.

«Je pense que cet apport va aider notre programme», estime Beaulieu.

Unité mobile

L’an dernier, une caravane motorisée surnommée Golf Mobile a été créée afin de visiter les écoles et d’inviter les clubs à donner accès à leur terrain aux jeunes.

Le concept sera repris cette année.

«C’est tout à l’avantage des clubs, estime M. Beaulieu.

«De plus en plus de clubs prêtent leur concours à nos activités.»

Rapprochement

Ces programmes ont mené à un rapprochement entre la fédération et les clubs.

«Nous sommes pas mal moins contestés, dit M. Beaulieu.

«Avant, on nous considérait comme un organisme qui ne faisait que des compétitions s’adressant à l’élite. Maintenant, les clubs voient que nous sommes capables de développer la pratique de notre sport, tel que le gouvernement nous le demande.»

Il faudra encore du temps pour évaluer les retombées de ces programmes, mais Jean-Pierre Beaulieu sait une chose.

«Jusqu’à ce jour, ce sont 10 000 jeunes qui ont été initiés au golf dans leurs cours d’éducation physique, indique-t-il.

«S’ils continuent à s’entraîner, il leur sera plus facile de jouer que les gens qui commencent à 30 ou 40 ans.»

DÈS LE PRIMAIRE

Pas moins
de 440 écoles primaires initient leurs élèves au golf à travers

la province

Le déclin du golf ne s’observe pas seulement au Québec et dans les autres provinces canadiennes. La grande densité démographique américaine porte à croire que la situation a atteint des proportions catastrophiques aux États-Unis.

Voyez plutôt ces chiffres: au cours des 10 dernières années, l’industrie du golf a perdu cinq millions d’adeptes. C’est une baisse de 17 % de la clientèle, qui s’élève à 30 millions.

Le noyau de la clientèle, qui est identifié par les gens qui jouent au moins huit rondes par année, a diminué de 25 %.

Ce groupe compte pour plus de 90 % des dépenses reliées aux rondes jouées dans une année sur les parcours américains.

Depuis 2006, la clientèle féminine accuse des pertes de 23 %. La chute est encore plus dramatique chez les jeunes, qui se veulent les clients de demain. La baisse est de l’ordre de 36 %.

Enfin, en 2000, il s’était ouvert 399 parcours dans le pays. En 2012, seulement 12 nouveaux clubs se sont ajoutés à la liste.

Si le snowboard a sauvé le ski

On retrouve sur YouTube une intéressante vidéo de cinq minutes portant sur une assemblée extraordinaire, qui s’est tenue à Orlando en janvier.

Le groupe des conférenciers comprenait Mark King, chef de la direction de la compagnie TaylorMade Adidas Golf; Ted Bishop, président de la PGA des États-Unis; Joe Beditz, chef de la direction de la National Golf Foundation; et Gary Hamel, un des stratèges les plus influents de la planète selon le Wall Street Journal.

Le constat est sans équivoque. Des moyens doivent être mis de l’avant pour faire du golf un jeu agréable.

«Le snowboard devait tuer le ski, rappelle Joe Beditz.

«Au contraire, ça a sauvé l’industrie et les opérateurs des stations de ski.»

Même nicklaus le dit

Dans une autre vidéo de quelques minutes, le plus grand joueur de l’histoire, Jack Nicklaus, raconte que ses quatre fils ont abandonné la pratique du golf.

«Trois d’entre eux ont été des professionnels, tandis que l’autre montrait un handicap de zéro, dit-il.

«Mais ils ne jouent plus. Les samedis et les dimanches et, parfois sur semaine, ils vont au parc pour jouer au soccer, à la crosse, au flag football, au football contact ou au baseball.

«Pourquoi n’y aurait-il pas de golf dans les parcs? Pourquoi n’y aurait-il pas des ligues de golf comme dans les autres sports?»

Depuis 20 ans, Nicklaus répète que les parties de golf sont trop longues, que les parcours sont trop difficiles et que les coûts sont trop élevés.

Venant de sa bouche, ses opinions sur l’état du golf devraient être prises en haute considération.

Au hockey, le grand Wayne Gretzky et plusieurs autres anciens joueurs s’évertuent à dire depuis quelques décennies qu’il faut laisser les jeunes jouer et les aider à développer leurs habiletés plutôt que leur enseigner des systèmes de jeu et les forcer à gagner à tout prix.

Comme au Québec, les penseurs du golf américain constatent que les promotions à rabais n’arrangent en rien le problème.

Tradition et évolution

Le golf est à la croisée des chemins.

Tradition et évolution peuvent aller de pair, estime Nicklaus et les autres personnes qui occupent des rôles décisionnels dans l’industrie.

Le temps presse.

Lisez ce que Gary Hamel dit dans l’une des vidéos: «Les nouvelles idées proviennent de créateurs relativement nouveaux. Ce ne sont pas les studios de cinéma qui ont créé Netflix. Ce ne sont pas les géants des télécommunications qui ont créé Skype. Ce ne sont pas les banques qui ont créé PayPal.

«Pourquoi tout est si différent? Parce que dans le monde d’aujourd’hui, ce ne sont pas les ressources qui comptent, ni la grande renommée que vous pouvez avoir. Ce sont les génies inventeurs.»

Nous vous invitons à découvrir demain le moyen que les Américains ont imaginé pour trouver des solutions aux problèmes qui minent le golf.

C’EST LA PANIQUE AUX ÉTATS-UNIS
Un appel à l’aide

Face aux millions de défections qui amenuisent sa clientèle, l’industrie du golf américain a décidé de sonder les habitants du pays jusque dans leur demeure.

Lors d’une assemblée extraordinaire tenue en janvier dernier, des acteurs importants de l’industrie ont annoncé la mise sur pied d’un site en ligne (www.hackgolf.org) conçu pour recevoir les idées de golfeurs de partout.

«On doit reconnaître qu’on n’a pas été en mesure de freiner l’exode des consommateurs, a déclaré Martin King, chef de direction de la compagnie TaylorMade Adidas Golf, lors de cette réunion.

«Les innovations suggérées restent sur la glace lorsque les mêmes intervenants discutent. On doit élargir le cercle de discussions plutôt que de continuer à chercher à innover sans résultat.

«Les traditionalistes s’opposent à de nouveaux concepts qui pourraient vraiment changer notre sport.

«Le temps est donc venu de donner la chance aux gens de se faire entendre et de partager leurs idées sur la place publique et de renverser les conventions futiles qui ne produisent rien.»

Du nouveau

La société TaylorMade s’engage à financer elle-même les idées du public qui soulèveront intérêt et enthousiasme.

Déjà, elle donne son appui à une série de tournois nationaux dans lesquels des coupes de 15 pouces seront utilisées, entre autres modifications.

«On ne sait pas ce qui va ressortir de ces expériences, avoue Ted Bishop, président de la PGA des États-Unis.

«Mais en faisant appel à l’esprit créatif de millions de golfeurs qui ont le golf autant à cœur que nous, on va trouver des solutions. En tant d’industrie, on doit avoir le courage d’implanter des solutions non traditionnelles.»

aux Américains
LE GOLF QUÉBÉCOIS EN CRISE

Moins fréquentés, les clubs de golf doivent s’ouvrir aux demandes des golfeurs québécois: tarifs réduits, parcours plus courts, code vestimentaire moins strict. Il en va de leur survie...

LE GOLF QUÉBÉCOIS EN CRISE
Une perception
à changer
Pour ceux qui n’ont jamais joué, le golf est un sport pour les bien nantis et les snobs. Il faut avouer que des adeptes véhiculent cette image. Il s’agit d’une minorité, mais le stéréotype demeure.
«Ce n’est pas la réalité, c’est la perception, corrige Beaudet.
«Mais comme on dit couramment, la perception est la réalité. La population croit que les jeunes ne sont pas bienvenus sur les terrains de golf. C’était vrai dans les années 1950, 1960, 1970, 1980 et même dans les années 1990.
«Le golf était réservé aux hommes, aux entrepreneurs et aux hommes d’affaires prospères. Mais les choses ont beaucoup changé à cet égard.»
Pour pallier la baisse d’achalandage, les clubs se sont lancés dans une guerre de prix et de promotions.
De plus, des sites de commerce électronique, tel Tuango, sont entrés dans la danse en offrant des forfaits golf-hôtels-restaurants.
«Tout ça est extrêmement dommageable pour l’industrie, affirme Sylvain Beaudet.
«Ce n’est pas payant à long terme. Ça 
dévalorise notre produit, car, foncièrement, aujourd’hui, jouer au golf coûte moins 
cher qu’au début des années 2000.»

Sylvain Beaudet

UN EXEMPLE

Le Parcours

du cerf offrira un parcours

de 12 trous

« Pourquoi
n’y aurait-il
pas des ligues de golf comme dans les autres sports ? »

– Jack Nicklaus