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Voyage
au bout
de la glace
9 jours en bateau dans l’Arctique

Neuf jours aux confins de l’Arctique, là où la glace est reine. Sur elle, glisse notre collaboratrice Caroline G. Murphy, à bord du brise-glace de l’expédition Canada C3. Sa mission: aller à la rencontre des communautés isolées, mais bien vivantes qui habitent là-haut, des ours polaires, des icebergs et des couchers de soleil. Entrez au cœur du Grand Nord en la suivant dans son périple d’Iqaluit à Qikiqtarjuaq, au nord du 63e parallèle.

L’expédition Canada C3

Canada C3, c’est une expédition maritime qui fait le tour du pays en brise-glace en 150 jours pour souligner les 150 ans de la Confédération. C3, pour désigner les trois côtes explorées lors de ce long voyage: atlantique, arctique et pacifique.

Le trajet a été divisé en 15 étapes et pour chacune d’entre elles, de nouveaux passagers grimpent à bord. Artistes, politiciens, scientifiques, sportifs, citoyens engagés, journalistes: la croisière s’amuse, mais se décline également autour de thèmes sérieux comme la réconciliation avec les nations autochtones et l’environnement.

J’ai donc eu la chance en août dernier de me joindre à l’expédition lors de l’étape no 7, couvrant en neuf jours la distance entre la capitale du territoire du Nunavut, Iqaluit et Qikiqtarjuaq, une communauté de 400 âmes sur une petite île à l’est de la terre de Baffin.

Photo Caroline G. Murphy

Un trajet d’environ 1000 km, dans un décor de glace, de ciel où se reflétaient des couleurs incroyables et d’ours polaires.

Un brise-glace, comment ça marche?

Le bateau sur lequel je suis montée est un vieux brise-glace de 67 mètres, qui appartenait anciennement à la Garde côtière canadienne. Il a été construit en 1959, modernisé dans les années 80 et remis à jour pour notre périple pancanadien. Il s’appelle le Polar Prince, et comme vous pouvez voir, il a l’unifolié tatoué sur le cœur. Véritable porte-étendard canadien, il est difficile à manquer au milieu de la mer. Encore moins quand il brise de la glace d’un blanc qui restera immaculé, bien loin de toute source de pollution.

Photo Michelle Munkittrick/Students on Ice Foundation

Durant le périple, j’ai le plaisir de discuter avec notre capitaine, Stephan Guy, 35 années d’expérience comme capitaine pour la Garde côtière canadienne, qui m’explique les rudiments de la navigation dans la glace. Règle numéro 1: quand on n’est pas obligé de passer par la glace, on ne le fait pas. Si l'on peut la contourner, on n’hésite pas. La flexibilité pour le trajet est la clé de la bonne navigation.

Comme j’ai la chance de prendre part à une expédition de plaisance et non commerciale, rien ne presse. Nous passons donc deux jours à briser de la glace. La vue, comme vous pouvez le voir, est fantastique. Les passagers se lèvent bien avant le lever de soleil pour regarder les jeux de lumière sur les étendues glacées.

Photo Mike Sudoma/Students on Ice Foundation

«Une fois dans la glace, 90 % du travail, c’est se frayer un chemin». Le capitaine et son équipage naviguent à l’œil nu, mais aussi à l’aide des cartes satellites qui rapportent l’épaisseur de la glace, son âge et sa concentration. «On trouve les ouvertures d’eau et les failles dans la glace; on attaque les points faibles de la banquise et on y va.»

Le navire, dont l’étrave est conçue pour affronter les coups, monte sur la glace, et c’est en retombant qu’il la casse sous son poids, comme vous pouvez le voir dans la vidéo qui suit.

Et parfois, le mal de mer

Heureusement, la navigation sur un brise-glace est assez tranquille. Nous n’étions pas en haute mer, alors tout en gardant les Gravols à un bras de distance, je pouvais admirer le paysage sans craindre le mal de mer.

Sauf une journée. Alors que la glace était justement trop épaisse pour que nous puissions la traverser, nous avons dû nous éloigner de la côte jusqu’à nous rapprocher du Groenland. Les vagues de cinq mètres sont venues fouetter le navire de côté, provoquant un roulis plutôt désagréable qui a duré plusieurs heures.

Pour lire l’histoire complète de cette seule journée de nausée, c’est ici.

OK, on était encore très loin du tsunami, mais disons que la fille de la ville que je suis a réalisé qu’il existait pire manège que la défunte Pitoune…